Parfois redouté par les salariés, l’entretien annuel est avant tout un moment privilégié entre l’employé et son manager. Aurélie Delaunay, consultante RH pour un éditeur de logiciels, nous explique comment l’optimiser.
1/ Avoir les preuves tangibles ce que l’on dit
L’entretien de fin d’année est l’occasion de revenir sur les douze derniers mois, et de faire un bilan sur ce qui s’est passé afin de voir si les objectifs fixés ont été atteints. Or, « il est essentiel de le préparer car comme toute personne normale, et surtout s’il gère une grosse équipe, le manager va avoir une mémoire sélective », explique Aurélie Delaunay. Il est possible que ce dernier, sans mauvaise foi, ait oublié notre coup d’éclat qui daterait de plus de 10 mois. « Le manager a aussi une vision extérieure des choses : ce que nous pensons avoir réussi, lui ne va en retenir que le petit couac avec le client », ajoute la consultante. Le manager ne perçoit les missions qu’au travers des résultats : mais si on lui apporte les preuves de ce que l’on a réussi, il peut changer de vision grâce à ce rééquilibrage.
2 / Faire le bilan pour se tourner vers l’avenir
Si certaines entreprises nomment l’entretien annuel « entretien de performance et de développement », d’autres vont plus loin en le percevant comme un « engagement mutuel », ce qui va induire un rapport différent. Dans tous les cas, il s’agit pour le collaborateur de donner autant d’importance à ce qui s’est passé l’année dernière qu’à ce qui se prépare l’année suivante. « C’est vraiment au collaborateur de faire le bilan afin de voir ses attentes professionnelles vis-à-vis de l’entreprise et du manager. C’est ce bilan qui va permettre de déterminer si on a envie de continuer ensemble ou pas, et de déboucher sur un engagement mutuel », poursuit Aurélie Delaunay.
3 / Négocier ses objectifs
Après avoir évoqué l’année précédente, on se tourne donc vers l’avenir. C’est en général durant l’entretien annuel que le manager va nous donner nos objectifs pour l’année prochaine. « Il faut bien garder en tête qu’un objectif, ça se discute à deux. Il n’y a rien de pire qu’un objectif qu’on ne peut pas atteindre, il ne faut donc pas hésiter à le dire. En général, cet objectif pourra être difficilement modifié car le manager partage lui aussi le même objectif qu’il va dispatcher dans ses équipes.
Cependant, on peut redéfinir à l’oral un objectif plus réaliste qui sera utilisé entre le manager et son équipe », explique la consultante RH. Les choses se compliquent lorsque les objectifs s’accompagnent de primes : s’ils sont inatteignables et que notre salaire fixe ne nous suffit pas, alors, il faut négocier au maximum. « Lorsque la prime sur objectif n’est pas définie de manière unilatérale, le salarié peut toujours refuser de signer le papier.
Si aucun accord n’est trouvé, il percevra l’intégralité de sa prime. Mais cela est très mal perçu dans les entreprises, et peut être litigieux en cas de licenciement », explique Aurélie Delaunay. Mieux vaut donc demander à regarder le document à tête reposée, et tenter la négociation en montrant que l’on donnera son maximum. « Dans tous les cas, les objectifs doivent rester SMART : Simple/Spécifique, Mesurable, Acceptable, Réaliste, Temporel.
4 / Exprimer intelligemment ses désirs
La troisième partie de l’entretien est consacrée aux souhaits et désirs pour l’avenir. « Dans un grand groupe typiquement, on va d’abord vous demander si vous souhaitez bouger géographiquement. Mais on va aussi évoquer votre mobilité fonctionnelle : par exemple, le groupe Orange a fait des mobilités transverses étonnantes, en faisant par exemple passer quelqu’un du pôle client à la communication. Les entreprises savent pertinemment que l’on sera plus performant là où on a envie d’être », renchérit la consultante RH. Il ne faut pas non plus hésiter à dire à notre n+1 que l’on souhaite évoluer dans la hiérarchie : lui aussi aura envie de bouger et tout manager intelligent commencera déjà par vous faire manager sous sa responsabilité.
Aurélie Delaunay précise simplement qu’il faut à tout prix éviter de demander à changer de poste si notre dernière mobilité est récente. Cela renverra une image négative à l’entreprise : soit elle vous aura confié un poste mal dimensionné pour vous, soit vous n’aurez pas su vous adapter. « Les grands groupes considèrent en général qu’on réalise l’apprentissage de son métier en 18 mois, puis que l’on se perfectionne, et préfèrent une mobilité à deux ou trois ans d’expérience », explique la spécialiste.
5 / Ne pas négocier son augmentation pendant l’entretien annuel
Si dans certaines entreprises, l’entretien de fin d’année semble être la seule occasion pour négocier son salaire, selon Aurélie Delaunay, ce n’est vraiment pas le bon moment. « Les augmentations sont toujours un sujet conflictuel. Or, l’entretien de fin d’année sert à définir si l’on veut continuer ensemble ou pas », explique-t-elle. De plus, elle rappelle que ce n’est pas le n+1 qui est décisionnaire en la matière. Ce dernier va recevoir une enveloppe et répartir les augmentations entre les membres de son équipe, afin notamment de corriger certaines inégalités. « Les demandes d’augmentation doivent être formulées de manière subjective ou informelle.
La rémunération dépend 1) de l’expérience, 2) de la réalisation des objectifs (d’où l’importance de préparer son entretien), et 3) de l’avis du manager », affirme la consultante RH. Le seul moment où l’on peut solliciter directement cette augmentation est lorsque l’on a une proposition ailleurs, et que l’on demande à l’entreprise si elle est prête à s’aligner ou non. « En dehors de ce processus, quasiment aucune demande d’augmentation n’est prise en compte par les RH », explique Aurélie Delaunay.
6 / Garder son calme
Lors de l’entretien, il peut arriver que les critiques pleuvent. Pour autant, il faut garder en tête une chose primordiale : toujours rester calme. « Si on sent que la discussion tourne court on peut proposer un café ou une cigarette et stopper la conversation. L’engagement mutuel ne peut pas éclore dans la tension », soutient la consultante RH. D’où l’importance une fois encore d’avoir préparé ses arguments pour contrecarrer certaines remarques. Dans tous les cas, on doit toujours répliquer avec parcimonie pour ne pas heurter la sensibilité de son manager : les propos ne doivent pas être perçus comme irrespectueux, mais comme un débat de vision. Dans tous les cas, ce sera toujours le n+1 qui aura le dernier mot…!
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