Les cent premiers jours qui suivent une embauche correspondent plus ou moins à la période d’essai. Un moment durant lequel il s’agit de découvrir et de s’adapter à un nouvel environnement, de démontrer ses compétences tout en se fixant des objectifs. Voici quelques clés pour réussir ses premiers pas dans une prise de poste.
À tout âge et quelle que soit son expérience, prendre un nouveau poste relève du challenge et suscite souvent de l’appréhension. Il faut dire que les enjeux sont nombreux. L’un d’eux consiste à apprivoiser ce nouvel environnement, à être acceptée, à savoir se comporter avec ses collègues et la hiérarchie et enfin à démontrer ses compétences sur le terrain.
« La génération Z fraîchement diplômée est souvent stressée à l’égard de cet environnement inconnu dont elle ignore le fonctionnement et qui rassemble des personnes diverses », constate Frédéric Ivernel, ex-DRH et directeur de la communication et du marketing stratégique de TF1, ex DRH et administrateur général du théâtre du Châtelet, désormais président de FIV Conseils, société spécialisée dans les approches managériales et RH et auteur de « Réussir vos premiers pas en entreprise – 100 jours clés » (éditions Ellipses). Dans le service, chacun se connaît, a ses habitudes, sait ce qu’il doit faire. Le nouveau venu, lui, doit s’intégrer dans cette mécanique bien huilée, prendre les choses en route et suivre le rythme.
Souplesse
L’arrivée dans l’entreprise peut être facilitée si un plan d’intégration a été défini. Mais parfois il n’en est rien. Les équipes ne connaissent pas la date d’arrivée, aucun bureau ou ordinateur n’est prévu… Mieux vaut donc faire preuve de souplesse et de flexibilité à son arrivée.
Dépasser ses craintes
Ce nouveau poste interroge souvent la confiance en soi : se sent-on à la hauteur des tâches confiées ? Se pense-t-on légitime ? Le fameux syndrome de l’imposteur peut faire surface. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette remise en question peut survenir quelle que soit l’âge et l’expérience. « Plus on monte dans la hiérarchie, moins on a le droit à l’erreur. La pression est plus forte car les attentes de cette nouvelle arrivée sont très élevées, surtout si le poste a été vacant pendant plusieurs mois », fait ainsi remarquer Nathalie Legrand, associée Oasys Dirigeants, Outplacer et Coach de Dirigeants. Avec cette nouvelle prise de poste, il faut parfois rattraper le retard accumulé, des conditions délicates pour prendre ses marques en douceur.
Gérer son temps
Gare à ne pas céder à une erreur classique : vouloir faire ses preuves et s’épuiser à tout faire à la fois. Ces cent jours ne s’apparentent pas à un sprint et doivent plutôt être perçus comme un marathon. Nathalie Legrand incite donc à prendre soin de soi. Idéalement, on garde la main mise sur son agenda les premières semaines pour éviter les trop nombreux rendez-vous. De la même manière, on veille à ne pas faire d’heures supplémentaires tous les jours, à vouloir être sur tous les projets en même temps, à multiplier les réunions etc. Même s’il est tentant de vouloir montrer de quoi on est capable, on voit sur le long terme et on ménage sa monture.
Curiosité et écoute
L’une des qualités principales à utiliser lors de ces cent premiers jours est l’écoute. « Les personnes adorent se raconter : en interrogeant ses collègues, on apprend et on montre que l’on s’intéresse à eux. Ça évite aussi de se dévoiler trop vite. Or la confiance en soi peut se construire avec ce que les autres pensent de nous », rappelle Frédéric Ivernel. On prévoit donc de rencontrer ses collègues, de les écouter pour mieux confronter leurs points de vue.
Pour cela, Natalie Legrand conseille de recourir à l’analyse SWOT (acronyme des mots anglais : strengths, weaknesses, opportunities, threats), une technique qui permet d’identifier les forces, faiblesses, opportunités et menaces. Ça donne une bonne vision de l’équipe et permet de voir ce qui peut être amélioré. On consulte également son supérieur pour connaître ses attentes, comment il souhaite fonctionner avec nous. Ces échanges permettent de déterminer une feuille de route, de montrer son empathie et sa satisfaction à être dans l’entreprise, à ce poste.
S’aider du passé
Même si l’on a été recrutée pour ses compétences, son expérience, ses réussites sur un précédent poste, il est préférable de se montrer humble et de respecter ce qui existe déjà. L’idée n’est pas d’imposer sa vision des choses. « On n’invente pas l’avenir d’une entreprise en oubliant son passé », lance Frédéric Ivernel. Un avis partagé par Nathalie Legrand : « On n’arrive pas sur un terrain vierge. Il faut partir de l’existant, des bonnes choses qui ont été faites. Il ne s’agit pas de faire table rase du passé », ajoute-t-elle. On se met à la disposition des autres et on bâtit ensemble à partir de ces fondations solides qui ont démontré leur efficacité. On ne révolutionne pas, on améliore ce qui peut l’être.
Avoir un projet partagé
Il importe aussi de définir un projet partagé avec son N+1 et son équipe. On laisse le temps à chacun de poser ses questions et on y répond. C’est une manière de mobiliser. Ensuite, on fait part de ces nouveaux objectifs et plans d’action à travers une communication claire.
Les erreurs à éviter
Plusieurs erreurs sont souvent faites lors d’une prise de poste. En résumé, pour favoriser cette période d’essai, on évite de s’épuiser en faisant tout à la fois. Mieux vaut choisir ses priorités. Attention à ne pas trop faire confiance à son expérience passée. « L’entreprise actuelle n’est pas l’ancienne. Il faut se méfier de ses réflexes professionnels qui ne sont pas ceux de l’entreprise où l’on est désormais et où l’on est attendu », ajoute Nathalie Legrand. On apprend donc à se couler dans ce nouveau moule et « on apprend à désapprendre ses réflexes ».
Si l’on comprend les rouages de l’entreprise, de son poste, que l’on se fait accepter, que l’on effectue
efficacement les tâches demandées, le défi de ces cent premiers jours sera relevé !
Dorothée Blancheton