La rupture conventionnelle cartonne auprès des jeunes salariés

Rupture conventionnelle

En 2018, 437.000 ruptures conventionnelles ont été enregistrées entre employeurs et salariés. Parmi ces départs « à l’amiable », plus d’un quart concernaient les moins de 30 ans. Mais alors, qu’est-ce qui motive autant les plus jeunes à avoir recours à ce type de fin de contrat ?

Un coup de pouce pour un nouveau départ

Au départ plutôt destinée aux salariés en fin de carrière souhaitant quitter leur emploi pour se lancer dans un projet personnel ou professionnel, la rupture conventionnelle s’impose aujourd’hui en porte de sortie idéale pour les jeunes actifs. Il y a encore 10 ans, trois options s’offraient à ceux qui voulaient changer d’air : la démission, l’abandon de poste (pour éviter la période de préavis) suivi d’un licenciement pour faute grave ou le licenciement. Dans les deux premiers cas, il fallait donc filer les poches vides, et dans le dernier, c’était avec au moins une faute (réelle ou imaginaire) collée au dos.

Avec la rupture conventionnelle, le salarié s’assure de pouvoir négocier selon ses termes son départ, et quitter l’entreprise avec  la garantie d’être indemnisé par Pôle Emploi pendant deux années. De quoi permettre aux plus jeunes d’envisager des changements de carrière plus sereinement selon Sarah Delon-Bouquet, avocate counsel spécialisée en droit du travail au cabinet Bryan Cave Leighton Paisner, : « Les jeunes savent qu’ils auront plusieurs boulots dans leur carrière, ils risquent de changer de poste ou même de métier. C’est une certaine sécurité de savoir qu’ils pourront partir avec un soutien financier. »

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La rupture conventionnelle pour éviter le burn-out

À l’heure où burn-out, bore-out ou encore brown-out font rage au sein des entreprise, pour Marie, 32 ans, la rupture conventionnelle avait tout d’une option salvatrice : « Aller au travail me mettait une boule dans le ventre insupportable. Je n’étais pourtant pas harcelée ou malmenée, mais j’avais le sentiment que mon travail était déprécié et que je n’avais plus rien à attendre de mon entreprise. J’ai donc décidé d’en parler à mon manager qui a compris mon mal-être et la rupture conventionnelle s’est imposée comme une évidence. »

Une décision commune sans accroc qui a permis à Marie de prendre le temps de penser à la forme qu’elle voulait donner à sa carrière et une opportunité en or pour sa direction de recruter du sang neuf.

Les Prud’hommes désengorgés

L’exemple de Marie, actrice de son départ, est loin d’être une exception même si pour Sarah Delon- Bouquet, « dans les faits il y a quand même beaucoup d’exemples où c’est l’employeur qui est à l’initiative de la rupture ». Mais la rupture conventionnelle apparaît comme un moyen de dédramatiser la situation et de proposer d’arriver à un accord plutôt que de passer par un licenciement ;

« Elle permet des négociations qui ne donneront pas lieu à contentieux. Parce qu’on n’est pas dans une situation de litige, la négociation se fait de façon apaisée, le dispositif est fait de sorte que le salarié puisse être accompagné d’un autre salarié, du représentant du personnel ou d’un conseiller externe. » ajoute l’avocate. Une tendance qui se confirme par une baisse conséquente des passages par la case Prud’hommes et une recrudescence du recours à la rupture conventionnelle collective.

La rupture conventionnelle collective, c’est quoi au juste ?

La rupture conventionnelle collective a été introduite suite aux ordonnances Macron du 22 septembre 2017. Ce qui la différencie profondément de la rupture conventionnelle individuelle, c’est qu’elle ne peut être à l’initiative de l’entreprise uniquement et concerne plusieurs salariés. Elle est « une alternative simplifiée aux procédures de licenciement économique collectif qui remplace le plan de départs volontaires » explique Sarah Delon-Bouquet.

Cependant, elle ne peut exister que si l’entreprise et les délégués syndicaux majoritaires aboutissent à un parfait accord sur les conditions de départ et s’il existe assez de volontaires à la rupture. Pour éviter toutes dérives, la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) doit valider l’accord.

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