Fanny Letier: “Les femmes dirigeantes sollicitent plus d’accompagnement en lien avec le leadership ou les relations en entreprise.”

Fanny Letier

Diplômée de Sciences Po Paris et de l’Ena, Fanny Letier est directrice exécutive, en charge des Fonds propres PME et de la coordination de l’accompagnement chez Bpifrance. Pour Business O Féminin, elle revient sur son rôle au sein de la banque publique d’investissement. Elle nous explique également comment se prennent certaines décisions de financement.

Quels sont les périmètres de votre poste ?

Fanny Letier : Je suis membre du Comité Exécutif de Bpifrance. Dans ce cadre, j’ai deux responsabilités. La première consiste à diriger l’équipe d’investisseurs dans les PME. Nous avons, en gestion, 1, 4 milliard d’euros, pour un portefeuille de quelque 470 entreprises.
Ma deuxième mission réside dans la coordination des activités de Bpifrance en matière d’accompagnement, c’est-à-dire l’ensemble des dispositifs mis au service de nos clients (start-ups, PME, ETI), et relatifs aux conseil, à la formation ou la mise en réseau. Le but est de les aider à atteindre leurs objectifs de croissance ou de transformation. En ce sens, je pilote les programmes accélérateur PME et accélérateur ETI.

Avant de décider d’investir dans une PME, quelles sont les caractéristiques que vous analysez ?

Fanny Letier : La PME doit avoir  des projets structurants de croissance ou de transformation, types croissance externe, développement à l’international, transformation digitale. La clé de tout cela est humaine : la qualité de l’équipe de management, son ambition, et la qualité de notre relation aux managers sont des aspects déterminants.

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Quelles différences entre financer une start-up d’une part, une PME d’autre part ?

Fanny Letier : Fondamentalement, les besoins des PME et des start-ups sont différents. Nous focalisons notre accompagnement de start-ups sur l’appui à la levée de fonds, l’aide au développement commercial à travers la mise en relation avec des grands comptes et la projection à l’international.
Un investisseur dans une start-up a pour mission d’aider la start-up à prioriser ses développements, à se structurer et à financer ses projets. Investir dans une PME consiste à aider cette société à prendre du recul par rapport à sa stratégie, à formaliser des plans d’action, à se renouveler et innover, à oser aller conquérir l’international.

Cela n’est pas toujours évident dans des structures qui ont une histoire parfois très longue ; il existe 1500 PME centenaires ! Nous avons la capacité d’aider les PME à actionner ces leviers à travers notre offre de conseil. A titre d’exemple, la transformation numérique est un sujet qui n’est pas natif pour les PME. Et pourtant elle est cruciale pour mieux répondre aux besoins clients, être plus performant et plus agile. Notre voulons pousser ce sujet davantage dans les PME dont nous sommes actionnaires.

Parmi les PME que vous accompagnez, combien sont dirigées par des femmes ? Avez-vous des programmes spécifiques pour les accompagner ?

Fanny Letier : 15% des 470 PME de notre portefeuille sont dirigées par des femmes. Nous ne voulons pas créer de fonds spécifique – elles sont capables des mêmes performances que les hommes – mais mettons en place des initiatives spécifiques.
Nous avons notamment mené des études, via notre Think Tank ” Bpifrance Le Lab”, pour tenter de comprendre quelles étaient les spécificités de la création d’entreprise au féminin.
Par ailleurs, dans le cadre de notre étude sur la “solitude du dirigeant”, nous avons essayé d’analyser si les dirigeantes avaient besoin d’un accompagnement dédié. Nous en sommes arrivés à la conclusion que, si le sentiment de solitude est globalement partagé entre hommes et femmes, les dirigeantes évoquent plus régulièrement des questionnements liés aux registres du leadership, du management, de l’organisation, de la mise en réseau ou encore de la conduite du dialogue social.
J’ajoute que nous développons un certain nombre de partenariats pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin (Pionnières, Femmes chefs d’entreprises, Vox femina…). Fin 2016, Bpifrance était ainsi présent au Global Women’s Forum. Cela nous a permis de donner de la visibilité à des dirigeantes de start-ups, de PME et de les aider à créer des liens avec des grands groupes.

Claire Bauchart

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