Prendre la parole en public efficacement, comment rester calme face à une situation angoissante ou encore comment reprendre un poste après une pause dans sa carrière ? Autant de sujets abordés avec brio par les intervenants des Ted Talks, ces présentations en série organisées par la Sapling Foundation, créée en 1984 afin de mettre en avant des « idées valant la peine d’être diffusées ». Voici une sélection de conférences vous apportant quelques clés essentielles à une gestion de carrière efficace.
Les secrets d’une prise de parole réussie
Qui parle ?
Le Britannique Chris Anderson a d’abord fait carrière dans le journalisme et l’édition. Il a notamment fondé une maison d’édition qu’il a revendu à Pearson, le géant anglais des livres éducatifs. En 2002, il devient programmateur des conférences TED, dont il a développé la plateforme web.
Pourquoi on aime ?
Dans cette vidéo, Chris Anderson expose les fondamentaux d’une prise de parole en public réussie. Selon lui, l’ingrédient clé est le suivant : parvenir à transmettre au public « le cadeau » que constitue une idée. « Un concept véhiculé efficacement peut parfois modifier la vision qu’avait l’interlocuteur d’un sujet, » plaide-t-il. Pour y parvenir, quelques fondamentaux sont à respecter lors de la préparation d’un speech.
Premièrement, il convient de limiter son intervention à une seule et même idée, laquelle doit être restituée dans un contexte particulier et étayée d’exemples. Cet ancien journaliste appelle également à démarrer son discours avec des questions intrigantes, attisant la curiosité du public, quitte à la bousculer un minimum. Enfin, gare à ne pas centrer son argumentaire autour de ses intérêts propres ou ceux de son entreprise ou association : « souvent, les gens le ressentent. Le mieux est de se demander à qui notre démonstration peut-être bénéfique. Plus la réponse est large, plus les gens se sentiront concernés », assure Chris Anderson.
Comment rester calme dans le cadre d’une situation angoissante?
Qui parle ?
Diplômé de Standford en psychologie cognitive, Daniel Levitin enseigne au sein de la prestigieuse université de McGill, à Montréal. Egalement musicien, ce neuroscientifique est l’auteur de plusieurs livres, notamment This is your brain on music, ou encore The organized mind.
Pourquoi on aime ?
Lors de sa présentation, Daniel Levitin décrypte les mécanismes neurologiques à l’œuvre nous paralysant en cas de stress. « Face à une situation angoissante, votre cervelle sécrète du cortisol, ce qui a pour conséquence d’augmenter votre rythme cardiaque, » explique-t-il. Avec pour conséquence la mise entre parenthèses de tout un tas de capacités. « Cela se comprend si l’on revient à nos origines », expose Daniel Levitin.
« Face à un prédateur, vous n’avez pas besoin de votre système digestif, ou de votre libido. Pour cause, si votre organisme se concentre sur ce type de fonctions, vous ne pouvez pas réagir assez vite… et devenez dès lors la proie du lion en face de vous. » Seul problème, l’une des fonctions devenant inertes au cours de ces phases de stress intense est la capacité à raisonner logiquement.
Pour éviter alors d’adopter des comportements irrationnels, Daniel Levitin plaide pour a technique du « pre-mortem ». En d’autres termes, le neurobiologiste appelle à anticiper. Exemple : « chez vous, désignez une place pour les objets pouvant facilement se perdre, comme vos clés ou vos lunettes. » Du sens commun mais pas seulement… « L’hippocampe, une structure située dans notre cerveau, a pour fonction principale de repérer la localisation des objets importants. » Le premier d’une série de conseils simples mais soutenus par des démonstrations scientifiques. De quoi vous aider à maîtriser vos futures montées d’adrénaline.
Des bénéfices de l’échec
Qui parle ?
Directeur du laboratoire X d’Alphabet (Google), Astro Teller est également entrepreneur et membre des conseils d’administration de plusieurs entreprises. Sa spécialité chez Google : trouver des idées audacieuses permettant de régler, via la science et la technologie, différents types de problèmes, tels le développement de l’agriculture dans les pays pauvres ou les accidents de la route.
Pourquoi on aime ?
« Découvrir une faille majeure dans un projet ne rime pas forcément avec la fin de l’expérience. » Si vous êtes en proie à la « solitude de l’entrepreneure », cette conférence d’Astro Teller est un bon booster ! Un échec, assure-t-il, peut même être le début d’une réussite encore plus grande qu’escomptée. Une idée qu’il défend preuve à l’appui : il explique qu’au début des années 2010, son équipe et lui avaient mis au point une voiture automatique, roulant sans aucune intervention humaine.
Lorsque ce prototype a été présenté à l’ensemble de la société Google, Astro Teller et ses acolytes se sont retrouvés pris au piège de leur propre création : leur voiture, qui se voulait un solution à la mortalité routière, était dangereuse car elle dédouanait les passagers de toute intervention et de tout contrôle. Les équipes d’X se sont alors remises au travail. « Cela a constitué une crise majeure, » commente Astro Teller. Mais, avec au final, un beau résultat : « sur le nouveau modèle de voiture, le passager reste en alerte. Il indique notamment à la voiture où aller en appuyant sur un bouton. »
Pour ce conférencier, l’échec ne doit en rien constituer un obstacle et les bons entrepreneurs doivent se faire un minimum violence : « être audacieux et travailler sur des projets risqués ont tendance à rendre les personnes concernées un peu fébriles, inquiètes. Elles se demandent ce qui leur arrivera en cas d’échec, si elles seront moquées, ou licenciées pour les salariées… » Tout un état d’esprit collectif à revoir donc pour Astro Teller.
Les dangers de la perfection au féminin
Qui parle ?
Après une carrière dans la finance, Reshma Saujani décide en 2012 de lancer « Girls Who Code », une association dont le but est d’initier, d’ici 2020, pas moins d’un million de lycéennes au code et à l’informatique. Cette femme engagée peut compter sur des partenaires financiers solides : Google et Twitter. Par ailleurs, des ingénieurs de Facebook ou d’AT&T ont accepté d’endosser le rôle de mentors au sein de « Girls Who Code. »
Pourquoi on aime ?
Reshma Saujani s’érige en ennemie de la perfection, en apôtre de la bravoure. « Nous les femmes, on nous apprend, à sourire, à ne pas prendre de risques, à avoir de bonnes notes, alors que l’on pousse les garçons à se confronter au monde extérieur, à sauter dans le vide. Le pire, c’est qu’ils en sont récompensés, » assure-t-elle. Et de poursuivre : « dans la Silicon Valley, on dit souvent qu’un entrepreneur n’est pas pris au sérieux s’il n’a pas essuyé au moins deux échecs… Et ce alors que l’on apprend à nos filles à être parfaites. »
Un mode éducatif aux répercussions concrètes, explique-t-elle, sur les choix d’orientation professionnelle des jeunes filles. « Le code consiste en un processus quasi-interminable d’essais et d’erreurs. Une virgule seule peut être à l’origine ou d’un échec ou d’un succès, » explique celle qui plaide pour féminisation des métiers du numérique. « Bref, code requiert à la fois persévérance… et imperfection. »
Avec cette démonstration étayée, on comprend mieux pourquoi il est important de changer les mentalités alors que le digital et la tech font émerger des centaines de milliers d’emplois rien qu’en Occident.
Comment reprendre un poste après une interruption de carrière?
Qui parle?
Fondatrice de iRelaunch, société d’outplacement à destination de professionnels réintégrant le marché du travail après une interruption, Carol Fishman est experte en la matière: elle a elle-même réintégré Bain Capital après onze années passées loin du salariat à temps plein. Elle est également la co-auteure de Back on the career track, manuel de stratégie à destination de tous ceux concernés par une interruption de carrière.
Pourquoi on aime?
S’occuper de ses enfants, de ses parents, concrétiser un projet personnel, s’expatrier: les raisons à l’origine d’une pause dans sa carrière ont beau être multiples, aucune d’entre elles ne devraient vous empêcher de réintégrer le marché du travail. Telle est en tous les cas la théorie de Carol Fishman. “Les employeurs considèrent souvent qu’embaucher un profil ayant arrêté de travailler depuis un certain temps est risqué. De leur côté, ceux qui postulent après une période de break doutent souvent de leurs capacités à relancer leur CV,” expose cette spécialiste. Au cours de sa présentation, elle donne de nombreux conseils, illustrés de cas concrets, très utiles aux profils concernés. “Quand vous cherchez à réintégrer la vie active, il faut sortir de chez vous, ne pas hésiter à dire que vous recherchez un emploi,” plaide-t-elle. Puis, insiste-t-elle, il est crucial de se renseigner sur l’évolution non seulement des ses propres compétences, mais également de son secteur. “Personnellement, je me suis réabonnée au Wall Street Journal et l’ai lu pendant six mois avant de postuler à des jobs”, témoigne Carol Fishman.