2GAP : Les femmes veulent le pouvoir de décider pour changer le monde !

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Quarante réseaux professionnels féminins se sont regroupés au sein du collectif 2GAP. Dans une lettre à Emmanuel Macron, elles revendiquent le partage du pouvoir dans les instances publiques comme dans les entreprises privées.   Rencontre avec Marie-Christine Maheas, coordinatrice de l'Observatoire de la Mixité, membre fondateur de Gender & Governance Action Platform (plate-forme pour l'égalité hommes-femmes).

Vous faites partie des initiatrices de 2GAP ( Gender and governance action platform), une plateforme qui réunit des réseaux féminins du privé et du public pour porter la parole des femmes, pourquoi est-il urgent de fédérer toutes les forces féminines ? 

Ce réseau de réseaux, à l’initiative de Nathalie Pilhes et cofondé par quarante réseaux féminins ou réseaux mixité du public et du privé, répond au besoin de faire participer les femmes désormais plus rapidement et de manière équilibrée à la gouvernance des organisations, face aux nouveaux défis auxquels fait face notre société. Il n’est plus envisageable d’être seulement observatrices. L’initiative date du début d’année avec un lancement début mars, juste avant la crise liée à la pandémie de la COVID-19.

C’est donc avant même l’idée récente de reprise inclusive que les réseaux s’étaient mobilisés, et une des forces de cette initiative réside dans le fait de réunir pour la première fois les femmes (et qq hommes) du privé et du public. La parole de chaque réseau compte et continue de porter une voix particulière et souvent spécialisée ; le privé et le public font chacun face à des problématiques particulières en termes d’égalité mais se retrouvent lorsqu’il s’agit de gouvernance. Ensemble nous avons plus de poids pour porter ce souhait précis : la gouvernance équilibrée du monde qui nous attend, dans les organisations privées et dans les organisations publiques.

L’ambition est ensuite de se constituer en collectif mondial, pour permettre à nos sociétés à travers le monde d’avancer plus rapidement vers cette égalité réelle que nous n’acceptons pas d’attendre encore plus longtemps.   

Mini Guide Leader

La crise sanitaire a eu un effet miroir sur les disparités hommes/ femmes en terme de salaires, tâches quotidiennes, métiers, faut-il avoir peur d’un retour en arrière pour les femmes comme le prédisait Simone de Beauvoir: “N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant” ? 

Sur ce point, les mois que nous venons de vivre illustrent parfaitement que Simone de Beauvoir avait raison. Nous sommes nombreuses et nombreux à n’être toujours pas revenus d’avoir observé les pas en arrière qui ont été faits en termes d’égalité femmes-hommes. Au sein des organisations, nous savons qu’il faut beaucoup d’autorité et de discipline pour que les progrès faits sur le terrain de la mixité soient conservés puis amplifiés. Depuis 3 mois nous avons constaté qu’une (courte) crise a anéanti certains des progrès qui avaient été réalisés sur plusieurs années.

“Le monde d’après” semble se construire sans les femmes entre Une de journaux strictement masculine, avez-vous d’autres exemples de cette perte de visibilité des femmes dans l’espace public et dans l’entreprise ?  

Il y a eu des pertes de visibilité et il y a eu de malheureux gains de visibilité :

  • Des métiers peu valorisés et sous-payés (tels que caissières, aides-soignantes, infirmières ou aides à domicile) ont été mis en avant, avec une prise conscience collective concernant le besoin d’une reconnaissance et rétribution plus justes de ces fonctions – 80% occupés par des femmes ;
  • Les violences faites aux femmes ont augmenté de 30%, à l’intérieur du foyer, du fait du confinement ;
  • Les femmes ont vu leur charge de travail, ainsi que mentale et émotionnelle, augmenter du fait d’un manque d’équilibre dans la répartition des responsabilités familiales et ménagères (ce sont les femmes en grande majorité qui ont assumé le soutien scolaire, la garde et l’animation des enfants en confinement, le quotidien ménager, avec souvent une double charge professionnelle en télétravail) ; 
  • Le retour au travail est également problématique : pour l’instant ce sont davantage les hommes qui retournent au bureau, avec des femmes qui assurent la garde des enfants ; on a également observé que l’on demandait à davantage de femmes que d’hommes de prendre des vacances pour se reposer de la charge mentale supportée pendant le confinement ; ceci a des conséquences en termes de visibilité et d’avancement des femmes, y compris à de hauts niveaux de gouvernance ;
  • Il a été remarqué également que les commentaires publics autour de cette crise ont souvent utilisé un champ sémantique emprunté à l’univers masculin et guerrier, lorsqu’un vocabulaire empathique, apaisant, réconfortant, par exemple lié au soin et à la réparation pourrait être plus pertinent dans de telles épreuves. Nous pouvons y voir les signes d’un repli viril en temps de crise, porté par un inconscient collectif forgé dans des valeurs « masculines », et nous interroger sur nos biais culturels ;
  • Comme vous le soulignez, dans les médias, les commentaires et analyses ont été dévolus en majorité aux hommes, à tel point de le CSA lance une étude sur la place des femmes dans les médias audiovisuels pendant la crise.  

Il en ressort depuis quelques jours et quelques semaines, le souhait émis d’une reprise qui soit inclusive, et d’un pouvoir qui soit partagé entre hommes et femmes. Au sein de 2GAP nous souhaitons voir dans cette reprise une opportunité unique de repenser la gouvernance, de manière inclusive.

Le 2GAP doit rencontrer le gouvernement dans les prochains jours, quelles propositions souhaitez-vous voir prises ? 

Nous préparons dans un premier temps un rendez-vous avec Marlène Schiappa qui nous a invitées à une téléconférence mardi prochain. Nous lui présenterons des propositions précises pour une reprise vraiment inclusive, en nous concentrant sur le thème de la gouvernance puisque c’est notre sujet central. Marlène Schiappa œuvre sur de multiples terrains touchant l’égalité femmes-hommes et rappelle souvent que cette égalité femmes-hommes a été déclarée Grande cause du quinquennat. Nous sommes donc heureuses de la rencontrer et d’échanger.

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